Après le plantain l’été passé, c’est le pissenlit qui a pris ses quartiers sur mon balcon cette année. L’effronté s’est montré discret en se faufilant dans une jardinière, se coinçant entre une joubarbe et une petite lanterne. Avant qu’il ne fleurisse, ses feuilles agrémenteront une salade. Qu’on les appelle herbes folles, mauvaises herbes, ou adventices, ces espèces sont accompagnées d’un cortège d’insectes qui seront bien utiles au jardinier. Bienvenue donc aux plantes sauvages, de plus si elles sont comestibles ! Entre radis, salades et tomates, elles enrichissent la palette des plantes cultivées.
Avant d’aller plus loin, tentons de poser une courte définition. Qu’est-ce donc que la biodiversité dont on parle beaucoup ? C’est simplement la diversité des organismes vivants. Elle s’exprime dans les espèces, les gènes, les écosystèmes et leurs interactions.
Le périmètre si restreint d’un balcon peut-il avoir une quelconque ambition en matière d’accueil de la biodiversité ?
Bien-sûr, le balcon reste un milieu artificiel et essayer d’y reproduire des milieux naturels relève, à mon avis, du pur fantasme. Toutefois, avec des prétentions plus réalistes, le jardinier urbain peut y créer des microclimats inspirés de la nature. Des zones ensoleillées, ombragées, sèches, plus ou moins humides se prêteront à la culture de plantes diverses aux besoins différents. Voici une idée à inspiration permacole: en cultivant en étages, on imite les strates végétales présentes dans la nature. Par exemple, installer une pergola légère sur laquelle courront des haricots à rames ou une liane fruitière. A sa mi-ombre, s’épanouiront des espèces aimant la fraîcheur.
Les variétés potagères ont aussi leur rôle à jouer. Afin de contribuer à la préservation de la diversité alimentaire, on s’éloignera des plantes habituelles pour se tourner vers des variétés anciennes. Il y a fort à parier que vous vous prendrez au jeu de la chasse aux trésors méconnus, qui créeront la surprise sur votre balcon :
« Oh, mais qu’est-ce donc ? On dirait du trèfle ! ». « Effectivement, très chère, c’est Oxalis tuberosa ou oca du Pérou. La saveur de ses tubercules rappelle à la fois celle de la patate douce et de la pomme de terre ». On redécouvrira les légumes perpétuels oubliés. Ces comestibles qui produisent presque toute l’année nous permettent d’économiser du temps et de l’argent, en nous évitant de « courir » après de nouveaux plantons pour renouveler nos cultures. Tous ne se prêtent pas au balcon, mais on peut déjà compter sur l’ail et l’oignon rocambole, le poireau perpétuel, la roquette et l’oseille vivace.
Avec les abeilles sauvages, les papillons, les syrphes, petites mouches déguisées en guêpe, on échangera un service alimentaire contre leur superpouvoir de pollinisation de nos légumes. Ils seront attirés par les fleurs nectarifères et pollinifères. La préférence ira aux espèces indigènes. Toutefois, ne diabolisons pas les espèces exotiques, surtout si elles sont introduites dans les jardins depuis belle lurette ! Il serait dommage de se priver du balancement dans le vent de l’aérienne verveine de Buenos Aires ou de l’ échinacée pourpre dont les graines nourrissent les oiseaux en hiver.
En résumé et en un mot : diversité ! Et pour commencer la démarche :
· Mixer fleurs et légumes.
· Pour les cultures potagères, orienter les achats de graines et de plantons vers des variétés anciennes et résistantes.
· Accueillir les herbes spontanées entre les cultures.
· Visiter les trocs et marchés de plantons car c’est là que l’on découvre la petite plante peu commune qui nous manquait.
· Investir dans l’achat de quelques vivaces (« fleurs » et aromatiques) qui se tiendront bien en pot et qui attireront les pollinisateurs. Ces plantes, généralement herbacées, vivent plusieurs années, par opposition aux annuelles et biannuelles.
Et pour en faire un peu plus :
· Fixer un hôtel à insectes sur un mur du balcon, orientation si possible sud-est. Offrir nectar et pollen aux insectes, c’est une bonne action, encore faut-il penser à les loger !
· Et pourquoi pas, installer un nichoir à mésange ou à rougequeue noir ?
La réponse est donc oui. Accueillir la biodiversité sur son balcon, c’est possible et c’est une contribution à la Stratégie Biodiversité Suisse.
Comentarios